Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

elles perdent en même tems, & le déſir & le pouvoir de plaire. Laborieuſes, actives infatigables ; on les voit labourer la terre, jeter la ſemence, faire la moiſſon ; tandis que leurs maris, dédaignant de courber la tête & le dos ſous le joug de l’agriculture, s’amuſent à chaſſer, à pêcher, à tirer de l’arc, à exercer ſur la terre l’empire de l’homme.

Pluſieurs de ces nations ont l’uſage de la pluralité des femmes. Les peuples même, qui ne pratiquent pas la polygamie, ſe ſont du moins réſervé le divorce. L’idée d’un lien indiſſoluble n’eſt pas encore entré dans l’eſprit de ces hommes libres juſqu’à la mort. Quand les gens mariés ne ſe conviennent pas, ils ſe séparent de concert, & partagent entre eux les enfans. Rien ne leur paroit plus contraire aux loix de la nature & de la raiſon, que le ſyſtême opposé des chrétiens. Le grand eſprit y diſent-ils, nous a créés pour être heureux ; & ce ſeroit l’offenſer, que de vivre dans un état de contrainte & de chagrin. Cette morale eſt d’accord avec le langage que tenoit un Miamis à l’un de nos miſſionnaires. Nous ne pouvions