Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/60

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ſes habitans. Auſſi propres à la génération que nos peuples du Nord, ils uſent toute leur vigueur à leur conſervation. La faim ne leur permet pas d’écouter l’amour. Si les peuples du Midi donnent tout à cette ſeconde paſſion, c’eſt que la première eſt promptement ſatiſfaite à très-peu de frais. Dans un pays où la nature produit beaucoup, & l’homme conſomme peu, toute la ſurabondance des forces ſe porte vers la population, qui, d’ailleurs, eſt ſecondée par la chaleur du ciel. Dans un climat où les hommes ſont plus voraces que la nature n’eſt prodigue, le tems & les facultés de l’eſpèce humaine ſont abſorbés par des fatigues qui nuiſent à la multiplication.

Mais la preuve que les ſauvages ne ſont pas moins ſenſibles que nous à la paſſion des femmes, c’eſt qu’ils aiment bien plus leurs enfans. Une mère allaite ſon fils juſqu’à l’âge de quatre ou cinq ans, & quelquefois juſqu’à ſix ou ſept. Dès l’âge le plus tendre, on reſpecte en eux leur indépendance naturelle. Jamais on ne les bat, jamais on ne les gronde, pour ne pas abattre cet eſprit libre & martial qui doit former un jour, la baſe de leur ca-