Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/68

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maine. Mais comme ils n’ont pas beaucoup de médecins ou de charlatans en ce genre, ils ſouffrent moins de cette maladie que les peuples policés ; ils y apportent mieux tous les tempéramens de la raiſon. Les Iroquois ſuppoſent confusément un premier être qui règle à ſon gré le cours du monde. Ils ne s’affligent pas du mal que cet être permet ou laiſſe faire. Quand il leur arrive un événement fâcheux : l’Homme d’en haut l’a voulu, diſent-ils ; & il y a peu-être plus de philoſophie dans cette ſoumiſſion que dans tous les raiſonnemens, toutes les déclamations de nos philoſophes. La plupart des autres nations ſauvages adorent ces deux principes, qui ne tardent pas à naître dans l’eſprit humain, dès qu’il a conçu des ſubſtances inviſibles. Quelquefois c’eſt un fleuve, une forêt, la lune & le ſoleil qu’ils adorent ; en un mot des êtres en qui ils ont remarqué une certaine puiſſance & du mouvement ; parce que par-tout où ils voient un mouvement dont ils ignorent la cauſe, ils ſuppoſent une âme.

Ils ſemblent avoir quelque idée d’une autre vie : mais comme ils n’ont aucun prin-