Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/81

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glyphiques. Après le portrait du général, vient le nombre de ſes ſoldats, marqué par autant de lignes ; celui des priſonniers, par autant de marmouſets ; celui des morts, par des figures humaines ſans tête. Ce ſont-là les ſignes parlans & techniques qui ont précédé, chez toutes les ſociétés, l’art de l’écriture & de l’imprimerie, & les nombreuſes bibliothèques qui ſurchargent les palais des riches oiſifs, & la tête des ſavans.

L’hiſtoire des guerres eſt courte chez les ſauvages : ils ſe hâtent de l’écrire. Comme les fuyards pourroient revenir en force ſur leurs pas, le vainqueur ne les attend point. Sa gloire eſt de marcher avec précipitation, ſans jamais s’arrêter en route, juſqu’à ce qu’il ſoit arrivé ſur ſon territoire & dans ſa bourgade. C’eſt-là qu’on le reçoit avec les tranſports de la plus vive joie, avec des éloges qui ſont ſa récompenſe. Enſuite on s’occupe du ſort des priſonniers, unique fruit de la victoire.

Les heureux ſont ceux qu’on choiſit pour remplacer les guerriers que la nation a perdus dans l’action qui vient de ſe paſſer, ou dans des occaſions plus éloignées. Cette adoption