Page:Raynaud - À l’ombre de mes dieux, 1924.djvu/59

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« J’étais venue au monde apporter l’Évangile
« De concorde et de paix, et d’un souffle éperdu,
« Criais « Que l’Amour règne et que tout soit asile ! »
« Et la voix du Canon seule m’a répondu.

« Voici les temps qu’avait prédits l’Apocalypse ;
« L’écume soulevée a submergé la Tour ;
« La Réalité saigne et sombre aux nuits d’éclipse ;
« Au cœur de l’homme élu la bête a fait retour.

« Le monde est plein de cris, de tumulte et de râles,
« Le sang, le sang ! jaillit à flots continuels,
« Je vois fondre aux brasiers les tours des cathédrales
« Et les frères s’occire au pied de mes autels.

« Ô Saints du ciel ! pardonnez-moi si je blasphème,
« Sentez la vérité des pleurs que je répands,
« L’univers est frappé d’un nouvel anathème,
« Non ! la Vierge n’a pas écrasé le serpent !

« Satan triomphe. Il porte un blason d’Allemagne,
« Il secoue avec lui son armure de fer,
« Tout ce qui rampe et souille et pille l’accompagne,
« Et tout ce que de crime a revomi l’enfer.