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MATHÉMATIQUES ET MATHÉMATICIENS

elle déconsidère que des rapports de distance rectiligne, d’un certain genre, qui n’exigent ni les symboles, ni les opérations de l’Algèbre. Cette Géométrie est la continuation de l’Analyse géométrique des Anciens, sur laquelle elle offre d’immenses avantages par la généralité, l’uniformité et l’abstraction de ses méthodes.

La méthode par le calcul a le merveilleux privilège de négliger les propositions intermédiaires dont la méthode géométrique a toujours besoin, et qu’il faut créer quand la question est nouvelle. Mais cet avantage si beau et si précieux de l’Analyse a son côté faible, comme toutes les conceptions humaines : c’est que cette marche pénétrante et rapide n’éclaire pas toujours suffisamment l’esprit ; elle laisse ignorer les vérités intermédiaires qui rattachent le point de départ à la vérité trouvée, et qui doivent former avec l’un et l’autre, un ensemble complet et une véritable théorie. Car, est-ce assez dans l’étude philosophique et approfondie d’une science, de savoir qu’une chose est vraie, si l’on ignore comment et pourquoi elle l’est, et quelle place elle occupe dans l’ordre des vérités auquel elle appartient ?

Chasles.

Il est certain que l’analyse de situation est une chose qui manque à l’algèbre ordinaire : c’est ce défaut qui fait qu’un problème paraît souvent avoir plus de solutions qu’il n’en doit avoir dans les circonstances où on le considère. Il est vrai que cette abondance de l’algèbre, qui donne ce qu’on ne lui demande pas, est