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NOTES.

avec Râvana, tyran de Lankâ ou Ceylan, qui lui avoit ravi Sita son épouse. Ces guerres sont le sujet d’un poème dont nous avons eu déjà occasion de parler plusieurs fois, et intitulé Râmâyana. Le P. Paulin de Saint-Barthélemi a inséré dans son Systema Brahmanicum la gravure d’un dessin indien représentant un combat entre Râma ou Bacchus le jeune, et Râvana ou Pluton ; car c’est ainsi qu’il les désigne. Râma commande une armée de singes qui ressemblent beaucoup aux Satyres qui accompagnoient Bacchus. Au lieu de léopards, il a des ours, parce que les ours des Ghâttes sont plus cruels que les léopards. Ses singes portent des branches de palmier, parce que les Indiens tirent de cet arbre une liqueur spiritueuse nommée arec ou ta garant, Elle est douce tant qu’elle conserve sa fraîcheur ; et les singes, qui sautent d’arbre en arbre, en boivent jusqu’à s’enivrer dans les vases que l’on place au pied des arbres pour la recevoir. II n’est donc pas étonnant que les suivans du Bacchus indien portent des branches de palmier au lieu des pampres que les Grecs ont placés dans leurs mains.

Si nous en croyons Hérodote, le jeune Bacchus [ou Râma] est le même que l’Osiris des Égyptiens, si célèbre par ses bienfaits, ses conquêtes, et sur-tout par ses guerres avec Typhon : Osiris étoit aussi, comme Bacchus, l’emblème du soleil. Mais Jablonski, en admettant cette identité, pense que les Grecs ont trop multiplié les conformités de leurs dieux avec ceux de l’antique Égypte, d’où la plupart, à la vérité, étoient originaires. Au reste, nous ne nous arrêtons qu’aux traits principaux, et nous croyons en avoir recueilli assez pour prouver, 1.° que le Διόνυσος des Grecs et le Bacchus des Latins tirent leur origine de la mythologie indienne ; 2.° que le grand Bacchus est absolument le même que Sîva, nommé aussi Bâguîs (mot qui peut être l’origine du Bacchus latin), troisième personne de la Trinité indienne, qui fait sa demeure habituelle sur le mont Mérou, au pied duquel est située la ville de Nicha, nommée Nysa par les Grecs ; 3.0 que le jeune Bacchus a beaucoup de ressemblance avec Râma, sixième incarnation de la Divinité, si célèbre par ses guerres avec Râvana, tyran de Ceylan. Cette dernière opinion, qui est celle de M. Jones et du P. Paulin de Saint-Barthélemi, n’est point du tout goûtée par M. Hamilton, qui a eu la complaisance de me faire observer que Râma étoit roi d’Ayodhyâ (aujourd’hui Aoude) : il possédoit par droit de naissance une grande partie de l’Inde, et il ajouta à ses domaines l’île de Ceylan, dont il fit la conquête. Tous les noms que rapporte M. Jones, dit ce savant, conviennent à Bacchus ou à Sîva ; mais aucun d’eux ne convient à Râma et ne lui a jamais appartenu. Le point principal de ressemblance entre Râma et Bacchus consiste dans l’armée de singes qui