Page:Reclus - Étude sur les dunes, 1865.djvu/5

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matières argileuses, de vases compactes ou de sables fortement mélangés de détritus animaux et végétaux. De même les rives sablonneuses de la Méditerranée, de la Baltique et d’autres mers intérieures où les marées sont à peine sensibles, n’offrent que des dunes peu élevées, parce que le manque de flux et de reflux ne permet pas aux sables d’y acquérir une mobilité suffisante ; mais sur toutes les côtes de l’Océan où le sable est assez meuble pour se laisser soulever par le vent, la formation des dunes s’accomplit avec une parfaite régularité.

Ces monticules se dressent pour ainsi dire sous les yeux mêmes de l’observateur, il n’est pas difficile d’en suivre les progrès ni d’en donner la théorie. Les brisants remuant constamment le fond mobile du bord, se chargent des matières arénacées et les étalent en minces nappes sur l’estran ; à marée basse, les molécules de sable s’allègent peu à peu de leur humidité, cessent d’adhérer les unes aux autres et se laissent emporter vers la terre par le vent du large : ce sont là les matériaux des dunes. Si la plage se redressait vers l’intérieur du continent d’une manière parfaitement unie, ce sable rejeté par les vagues au-dessus du niveau marin, et reporté au loin par les bouffées successives du vent, s’étendrait sur le sol en couches d’une épaisseur uniforme ; mais les inégalités de la surface empêchent qu’il en soit ainsi. Des cailloux, des épaves, des branches et des troncs d’arbres couverts de coquillages, des plantes et des arbustes aux racines tenaces font saillie au-dessus de la plage et s’opposent à la marche du vent qui glisse sur le sol en entraînant