Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/101

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À Elie Reclus.


La Nouvelle-Orléans. Sans date.

En cas que la première traite soit perdue, en voici une seconde qui la remplacera ; si celle-ci se perdait encore, j’en ai une troisième à ton service. Au moins au commencement d’octobre, j’espère avoir à t’en envoyer une autre de même valeur, et que diable, tu finiras bien par dire adieu aux… tracasseries de là-bas pour venir goûter de celles d’ici, qui, du moins, ont le mérite d’être nouvelles. Enlève prestement la fille du garde national, car, après tout, il ne faut pas garder de ménagements avec l’onde d’un portefaix, fais des adieux précipités à la misère, à la faim, aux paletots crasseux et troués, et viens chercher dans un changement d’horizon de nouvelles expériences et de nouvelles révélations. C’est réellement magique que ce changement de décoration intérieur, opéré par un changement de séjour : toutes les idées mortes que j’avais brûlées à petit feu au dedans de moi à Berlin et à Londres, je les portais toujours en moi, chaque objet me les rappelait. D. était un saint Paul, X., bonnes gens, n’était autre que Jésus-Christ ; mais depuis que j’ai vu les vagues dorées des tropiques, depuis que j’ai