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À Élie Reclus.


Riohacha, 3 octobre 1856.
Amis,

Je viens enfin de recevoir une lettre de vous, alors que j’avais déjà cessé d’espérer et de désespérer, et que je comptais sur une lubie de la destinée pour me donner de vos nouvelles. J’avais un peu la bonhomie de vous croire sur le « Vénézuéla », et j’avais l’honnête intention d’aller vous chercher à Sainte-Marthe, mais puisque vous êtes occupés à créer un néo-grenadin, il ne me reste qu’à vous supplier d’attendre jusqu’après votre traversée future avant d’en faire un second ; autrement de moutard en moutard, et d’année en année, je serais réduit à ne vous voir que par les yeux de la foi, de l’espérance et de la charité.

Ici, nos affaires vont assez lentement, grâce à notre misère et aux temporisations du vieux Chassaigne ; nous avons laissé passer la saison des chaleurs, et les pluies augmenteront beaucoup les difficultés de notre voyage et les travaux d’installation. Quant à moi, la chose m’est d’autant plus indifférente qu’à votre