Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/192

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nous lui dirons de souligner ses grosses lettres ! — Ah ! ne pas se fiancer, c’est bien grave ! Savez-vous que si vous faites un héritage, si on vous laisse 6 000 francs par exemple, vous en perdrez trois mille qui passeront à votre femme ? Savez-vous cela ? — Les perdre ce sera les gagner ! Je lui dirai de prendre les trois mille autres. — Ah vraiment ! Et le pauvre homme était ahuri, consterné, il voyait le contrat s’envoler à grands coups d’aile.

Le tuteur vient à son secours en faisant observer que l’un de nous peut mourir et laisser l’autre dans la misère. — Alors nous faisons notre testament, dis-je et nous n’avons pas besoin de contrat ; je n’ai rien, mais je vais écrire sur une feuille de papier que je lègue tout à ma femme. En même temps, Clarisse s’écrie qu’elle va aussi écrire ses dernières volontés et léguer tout à son mari. Le tabellion n’y tient plus ; il se lève, bouche béante, cheveux hérissés, œil arrondi par la stupeur. Et moi je le raccompagne jusqu’à la porte en le félicitant de son explication lumineuse. Quant au tuteur, il était enchanté et me serrait la main. Ah ! vous êtes un bon jeune homme, et moi aussi, je suis un homme de la nature, un homme de la nature. Etc.,  etc.