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À sa Mère.


Sans date. 1859.
Ma chère mère,

Il s’est passé déjà de longs mois depuis que nous avons eu le bonheur de recevoir une lettre écrite de ta main, et, n’ayant vu dans ces derniers temps personne qui pût nous renseigner sur votre compte, nous ignorons complètement ce qui se fait dans la maison paternelle. Vous êtes en bonne santé, votre silence même me le prouve, mais les mille petits incidents de la vie, les voyages, les va-et-vient, les projets, les espérances, les regrets, les joies intimes, toutes les diverses péripéties de la barque de famille nous sont parfaitement inconnus. Une mer, plus profonde que l’Atlantique, coule entre nous, le silence. Souviens-toi, je te prie, chère mère, qu’il suffît de quelques mots écrits à la hâte pour jeter un pont sur cet abîme.

Je t’envoie mon second article sur le Mississipi : pour le faire entrer dans la Revue des Deux-Mondes[1],

  1. Premier article ; Le Mississipi et ses bords, Études et souvenirs (15 juillet 1859) ; 2e article : Le Mississipi et ses bords (1er août 1859).