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À Élie Reclus.


Gap, 29 septembre 1859.

Depuis ma dernière lettre, mes pérégrinations ont été nombreuses, si nombreuses que j’ai hâte de rentrer au bercail et de savourer notre amitié dans la paix et la tranquillité de notre vie intime. Vous savez sans doute que nous n’avons pas trouvé Hickel à Interlaken, et qu’il n’a pas eu le plaisir de nous faire les honneurs de ses montagnes. Aussi nos promenades se sont-elles bornées à l’ascension du Pilate, du Faulhorn et de la Wengernalp.

C’est beau ! Que puis-je dire de plus. Au-dessus des pâturages de la Wengernalp, dont on peut apprécier deja l’énorme hauteur par le bleu vaporeux qui recouvre la vallée de Lauterbrunnen, se dressent les trois colosses [1], tout couverts de glaciers qui descendent en cataractes sur leurs flancs. Ils sont là si près qu’on croirait pouvoir les toucher de la main, et cependant ils remplissent tout l’horizon, sortent des profondeurs de la terre et montent jusqu’au ciel. Ce

  1. Jungfrau, Mœnch et Eiger.