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À sa Mère.


Sainte-Foy, 30 septembre 1859.
Ma très chère mère,

Je suis revenu depuis quelques jours de mon très long voyage à travers l’Allemagne du nord, la Suisse, la Savoie et le midi de la France. J’ai vu beaucoup de pays qui m’ont vivement intéressé, entre autres, les côtes de la mer du Nord, Rugen et ses falaises, le Riesengebirge, la Suisse saxonne, le Thuringer-Wald, mais tous ces grands spectacles se sont pour ainsi dire évanouis dans mon souvenir sous la splendeur des montagnes de la Suisse. Je n’ai traversé l’Oberland qu’en courant, mais cependant j’ai eu le temps de gravir le Pilate et le Faulhorn, de passer le Brunig, de traverser le lac des Quatre Cantons, de voir Meyringen, le Reichenbach, le Giessbach, de nager dans le lac de Brienz, de me faire asperger par le brouillard du Staubbach et de gravir la Wengernalp. Certes j’ai plus vécu pendant une heure d’admiration devant les rochers et les neiges de la Jungfrau que pendant de longues semaines à Paris ou à Sainte-Foy. Je ne puis m’abandonner un