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À Mme Élie Reclus


Nîmes, Sans date, samedi soir. 1862.
Ma bonne Noémi,

Combien de fois j’eusse désiré t’écrire pour te parler de mon affection et te faire part de mes impressions diverses sur les mille choses que je voyais et que j’entendais ; mais, en premier lieu, j’ai été arrêté par l’idée que tu habitais Sens, puis quand j’ai su que tu étais restée à Paris, j’avais déjà tant à te dire que je ne savais par quel bout commencer. J’ai, dans les cahiers de ma mémoire, bien des faits, bien des historiettes à vous raconter, mais le temps passe et de toutes ces conversations idéales que j’ai tenues avec vous, de toutes ces causeries silencieuses que nous avons eues ensemble au milieu des neiges, sous les mélèzes et sur le bord des torrents, il ne restera sans doute que de bien faibles échos pour le jour du revoir. Toutes ces bonnes paroles, que j’avais enfermées dans le bon trésor de mon cœur pour vous les répéter en vous embrassant, ne seront jamais prononcées ; elles seront perdues comme les objets qu’on serre précieusement dans un coffret et qu’on