Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/25

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inscriptions romaines. Mais la mer les attire : ils vont droit devant eux par-dessus la blanche colline de la Clape, où chaque fissure du sol donne naissance à un conifère nain, haut de quelques pouces, et du haut de la croupe aride, ils voient au loin la plaque luisante de la Méditerranée qui s’étend à l’infini. Les études théologiques de Montauban étaient bien oubliées. Cependant, on revient vers elles, encore enivré de la splendeur des horizons.

À vrai dire, le professeurs de la Faculté, qui étaient de braves gens, n’étaient point trop à blâmer lorsqu’ils se plaignaient du sans-gêne de leurs élèves. Et pourtant, ils poussaient la mansuétude jusqu’à faire semblant de ne point leur en vouloir de cette fugue vers la mer et vers la liberté. Tout se serait passé en bonne cordialité et en paroles affectueuses, si les pasteurs n’avaient été saisis eux-mêmes dans l’engrenage administratif, et si le mouvement politique n’avait alors fonctionné à toute vitesse dans le sens de la réaction. Le préfet désapprouvait l’attitude des jeunes gens incriminés, dont le costume même avait quelque chose de républicain et d’agressif. Des orateurs de Paris étaient venus et s’étaient fait entendre en des réunions privées où les étudiants avaient été invités. Qui sait ? Des conspirations allaient sans doute éclore, et tel rapport du commissaire mentionnait à ce sujet des paroles fort graves prononcées par les coupables jeunes gens. N’était-ce pas un devoir social de procéder incontinent à l’ablation du dangereux abcès ? C’est en effet l’opération à laquelle le doyen de la Faculté,