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À Mme Reclus, à Orthez.


Berlin. Sans date. 1851.
Chère mère,

Ce sera une grande joie pour moi de vous revoir, et un frisson de plaisir me parcourt les membres quand je pense à ces platanes que je verrai d’abord onduler au-dessus des maisons, puis au jardin et à ceux qui s’y promènent. Puissiez-vous n’avoir alors que bénédictions et actions de grâce à rendre à notre sujet, et puissiez-vous trouver que tout ce que Dieu veut est bien voulu, et qu’il peut incliner diversement les cœurs, comme deux fleuves qui, partis de la même montagne, vont aboutir à deux golfes différents de la même mer.

Vous me demandez si j’ai besoin d’argent pour faire le voyage ; je vous remercie, chers parents, j’aurai suffisamment pour aller jusqu’à vous. Le Seigneur m’a donné bien souvent plus que je n’avais besoin et les jours de disette m’ont été utiles plus que tous les autres, mon corps surtout s’est fortifié et mon âme a été heureuse. Béni soit mon Dieu qui bénit toujours, qu’il donne ou qu’il retire !