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FRANCE.

vèrent plus longtemps qu’ici les chrétiens dont la djéhad ou guerre sainte leur faisait un devoir de rougir de sang les hameaux et les villes ; ils eurent alors, au ixe et au xe siècles, de redoutables repaires sur la montagne aromatique à laquelle est resté leur nom, au milieu de forêts plus grandes qu’aujourd’hui. Toutefois les Maures sont le massif le plus bocager de la Provence : la Gueuse parfumée, comme on l’appelle, est peu vêtue.

L’Estérel est moins grand que les Maures ; il est plus bas, n’avant que 616 mètres au Mont Vinaigre ; il n’est pas moins beau, quoique la forêt véritable y manque. Les arbousiers, les bruyères arborescentes, le pin d’Alep, et en bas, dans les ravins, l’oranger et les herbes de suave odeur sont la parure de ce massif, l’un de ces pays méridionaux qui se sentent autant qu’ils se voient. Désert loin de la mer, à son centre et à ses sommets, il a des villas au bord de la Méditerranée, dans laquelle il plonge par de merveilleux caps de grès rouge et de porphyre, entre Fréjus où les Romains avaient des palais et Cannes où nous bâtissons des châteaux.




V. LES PYRÉNÉES


1o Les Pyrénées, Troumouse et Gavarnie. — Les Pyrénées, que les Espagnols appellent Pirineos, ou au singulier el Pirineo, sont, de mer à mer, un petit Caucase.

Le Caucase, entre Pont-Euxin et Caspienne, est fort abrupt et très régulier de structure ; les Pyrénées, d’Atlantique à Méditerranée, montent tout droit d’en bas et leur structure est simple et normale. Les plaines que le Caucase regarde au nord furent un détroit de la mer ; celles que les Pyrénées contemplent au septentrion por-