Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
GÉOGRAPHIE.

Le Tarnon ou Petit Tarn (35 kilomètres), sorti des halliers de l’Aigoual, coule à la base d’escarpements sourcilleux, assise orientale du Causse Méjean. À Florac, son meilleur affluent, la source du Pécher, née précisément des infiltrations du Causse, jaillit d’un grand roc nu.

La Jonte (40 kilomètres) limite au midi le Causse Méjean, au nord le Causse Noir. Engouffrée dans les anfractuosités du lias, elle ne reçoit aucun ruisseau à partir de Meyrueis, mais de grandes sources lui portent leurs flots : telle est celle de Pellalergues ou du Pouget.

La Dourbie (70 kilomètres), rivière de fontaines, finit en amont de Millau ; ses eaux animent de profonds défilés commandés au sud par le Larzac, au nord par le Causse Noir. Son plus grand tributaire (grand d’abondance, petit de cours), le Durzon, qu’elle reçoit à Nant, sort de la pierre de Cévennes par une font puissante.

Le Dourdou méridional (90 kilomètres), quand il est en crue, traîne assez de terres rouges pour salir le Tarn jusqu’à la Garonne. Il ne vaut pas son tributaire, la Sorgues (50 kilomètres), qui baigne Saint-Affrique : comme son illustre homonyme, cette Sorgues est belle dès sa source, issue du Larzac.

La Rance (65 kilomètres), serrée dans des gorges profondes, souille aussi beaucoup le Tarn : s’ils voient leur rivière s’enfler d’eaux rougeâtres, les gens d’Albi et de Montauban savent que le Dourdou et surtout la Rance, les « Nils aveyronnais », débordent. De même, quand les riverains de la basse Dordogne voient rougir leur beau fleuve, ils en accusent aussitôt l’affluent limousin, la Vézère.

L’Agout (180 kilomètres), large de 80 à 90 mètres, donne 7 mètres cubes d’eau par seconde à l’étiage. Né dans les Cévennes de l’Espinouse (1 000 à 1266 mètres), au nord-est de Saint-Pons, il se tient longtemps dans une gorge tortueuse ; il forme la cascade du saut de Luzières, côtoie le stérile plateau du Sidobre, semé d’énormes blocs de granit, sert aux industries de Castres,