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FRANCE.

bant chez nous restât sur le sol sans couler, sans filtrer, sans s’évaporer, comme dans une citerne fermée, au bout de l’année elle couvrirait le territoire d’un lac de 770 millimètres de profondeur, et peut-être bien de 800 et au delà ; car les éléments de ce nombre sont surtout des observations faites en plaine, et sur la plaine il tombe moins d’eau que sur la montagne.

Ce lac, les divers climats de la France ne le rempliraient pas également.

Il pleut beaucoup sur les vallées ouvertes aux vents humides, sous les parages du ciel où quelque courant de l’air amène les nuages, où quelque remous les arrête ; il pleut fort peu sur certaines plaines, certains plateaux cerclés de montagnes et qui ne voient nager dans leur azur que des nuages épuisés déjà. Sur le bord de la mer, et plus encore dans les monts contre lesquels buttent et crèvent les nues, la quantité d’eau du ciel dépasse la moyenne générale : il tombe par an 800 à 850 millimètres sur la côte picarde et dieppoise, autant du cap de Barfleur à Saint-Malo, 1 000 sur la baie de Douarnenez, 1 100 à 1 200 dans les hautes Vosges, près de 1 500 sur le rivage bayonnais, 1 500 à 2 000 et au-dessus dans les pics d’où procèdent les Gaves et les Nestes, surtout vers Gavarnie ; dans les Alpes de Savoie et du Dauphiné, notamment dans les monts Gapençais ; dans les Cévennes du Vivarais, principalement sur le Tanargue.

En France[1] 898 000 hectares ne reçoivent annuellement que 400 millimètres de pluie, ou moins encore, à Dunkerque où il ne tombe que 300 à 350 millimètres, et dans le bassin de la Seine, de Compiègne à Troyes et d’Épernay à la banlieue de Paris.

8 millions et demi d’hectares, le sixième de la patrie, reçoivent 400 à 600 millimètres.

27 millions, c’est-à-dire la moitié du pays, reçoivent 600 à 800 millimètres.

  1. D’après M. Delesse.