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FRANCE.

nuit, écume sans nom, Velches pourris, brutale engeance. « En revenant de leur pays, dit à peu près un poète allemand[1], jette une pierre derrière-toi : peut-être écraseras-tu une fleur ! »




CHAPITRE VI

LA LANGUE FRANÇAISE EN FRANCE, EN EUROPE, DANS LE MONDE
LANGUE D’OIL ET LANGUE D’OC


1o Langue et littérature française. — Nos grands écrivains n’ont été dépassés nulle part, ni dans l’antiquité, ni dans les temps modernes ; leur influence, leur gloire sont universelles.

Au xiie et au xiiie siècle, nos poètes, nos conteurs et nos chroniqueurs furent imités dans toute l’Europe, depuis l’Italie, qui s’ignorait encore, jusqu’à l’Angleterre, où la cour, les seigneurs et la justice parlaient notre langue. Ces œuvres enthousiasmèrent le moyen âge : elles fondèrent la suprématie que notre idiome a gardée jusqu’à ce jour en Europe ; nous les avons oubliées, et le français d’alors nous semble barbare parce que nous ne le connaissons pas.

Nous les aimerons de nouveau quand, au lieu de commencer le français avec Malherbe, petit esprit, moyen poète, ou avec Villon et Charles d’Orléans, nous le prendrons à son origine même. 850 ans avant Malherbe, Louis

  1. Rückert.