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FRANCE.

tares), ainsi nommé d’un misérable village, à peine digne d’être appelé hameau, qui régna sur l’île au temps des Pisans, puis au temps des Génois, avant la fondation de Bastia.

Sous une altitude plus septentrionale, la Corse, coupée par le 42e et le 43e degré, aurait des névés, des glaciers, car fort élevés sont ses monts où dominent ici le granit et la serpentine, là le schiste, ailleurs le grès ou le calcaire. Le Monte Rotondo ou Mont Rond a passé jusqu’à nos jours pour le pic majeur de l’île ; c’est d’ailleurs une belle montagne qu’on ne gravit pas sans peine, mais de sa cime on règne sur un horizon grandiose : on voit une grande partie de la Corse et la mer ; on devine à l’horizon les monts de la Sardaigne et le profil confus de l’Italie, depuis la Rivière de Gênes jusqu’au littoral romain. Maintenant détrôné, ce sommet de 2 625 mètres, auquel on en a longtemps donné 2 800, puis 2 673, n’a plus que le second rang parmi les géants de la Corse : le premier appartient au Monte Cinto (2 707 mètres), le troisième au Paglia Orba ou Vagliorba, (2 525 mètres) ; le Cardo a 2 454 mètres, le Padro 2 393 et le Monte d’Oro ou Mont d’Or 2 391.

De tous ces fiers sommets tombent en cascatelles, au grand air ou sous bois, de jolis torrents, qui malgré tous leurs détours expirent bientôt dans la mer de Toscane ou dans celle qui regarde au loin la France, les Baléares et l’Espagne. Les plus forts sont le Golo, le Tavignano, le Liamone.

Le Golo donna son nom à l’un des deux départements qui divisèrent d’abord la Corse. Long de 84 kilomètres dans un bassin de 98 000 hectares, il naît dans le Paglia Orba, parmi les pins larix, les hêtres, les ifs, les peupliers, les aunes de la forêt de Valdoniello, et coule d’abord dans le Niello, la vallée la plus haute, la plus froide, la plus pastorale de l’île. Constamment dirigé vers le nord-est, il porte à la mer orientale près de 2 mètres cubes d’eau par seconde en temps d’étiage, et