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ALGÉRIE.


CHAPITRE III

MONTS DU TELL


La grande extumescence de la Berbérie, l’Atlas, n’entre dans les neiges persistantes que sur le territoire du Maroc, cet empire qui est à la fois le pays le plus vaste et le plus beau de l’Afrique Mineure. Là, dit-on, l’Atlas, le Déren, l’Adrar[1] des Berbères, dresse entre son Tell et son Sahara des pics dont les neiges luisent éternellement : vers les sources de la Malouïa et à l’horizon de Maroc il y a des Jungfrau et des Maladetta qu’on ne connaît pas assez pour dire si leurs flancs sont incrustés de glaciers, mais on sait qu’elles reçoivent assez de neige pour verser au Tell, et même au Sahara, des oueds comme n’en a pas l’Algérie.

En Algérie, les cimes les plus hautes n’ont de neiges que d’octobre ou de novembre en mai. Tandis que le Maroc lève son Atlas au-dessus des Pyrénées, au niveau des Alpes dauphinoises, notre Tell n’a pas un seul piton qui s’élance à 2 500 mètres. L’Atlas algérien est presque deux fois plus bas que le marocain.


Aurès. — C’est dans la province de Constantine que se dresse le géant de l’Algérie, le Mont Chélia. Il darde sa pointe suprême à 2 328 mètres : il n’a donc même pas la moitié de l’altitude du Mont-Blanc ; il est inférieur de 1 076 mètres à la première cime des Pyrénées, mais il dépasse de 442 mètres le Puy

  1. Il est probable qu’Atlas n’est que la corruption d’adrar, mot berbère qui veut dire montagne. Quant au nom de Déren, que porte l’Atlas là où il est le plus élevé, c’est l’altération d’idréren, les montagnes, pluriel d’adrar.