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ALGÉRIE.

djébels d’un peu plus ou d’un peu moins de 800 mètres, et pour principales bourgades Mazouna, Cassaigne et Renault : Mazoura est encore tout indigène ; Renault et Cassaigne sont des lieux français, récemment fondés. Ce fut un pays dur à courber que ce Dahra dont une caverne vivra dans l’histoire, celle de Necmaria, où les Ouled-Riah aimèrent mieux mourir enfumés que d’implorer l’aman[1]. Soumises tard, longtemps frémissantes, ses tribus n’ont vu que tout dernièrement arriver les colons ; fertile et très salubre, ce mont sera vite envahi.

Brûlé de soleil sur son versant du sud, le Dahra n’envoie au fleuve que des oueds tarissants ; mais sur la rive opposée des torrents plus longs, plus larges, moins prompts à sécher, tombent de cet Ouaransénis autour duquel le Nahr-el-Ouassel, puis le Chéliff, tracent un arc de cercle de près de 350 kilomètres avec seulement 75 kilomètres de corde : tels sont le Sly et le Riou. Le principal tributaire du Chéliff, la Mina (200 kilomètres), n’a point son origine dans le massif de l’Œil du monde ; elle vient de la bordure du Steppe, du pied du Nador (1 412 mètres), au sud de Tiaret ; et c’est près de ses sources que s’élèvent les Djédar, trois vieux monuments, des sépultures sans doute comme le Medracen et le Tombeau de la Chrétienne. La Mina tombe en une charmante cascade, haute de 42 mètres, le Saut de Hourara, à 12 ou 15 kilomètres au sud de Tiaret. À Fortasa, elle ouvre son lit à plus grand qu’elle, à l’Oued-el-Ahd (135 kilomètres), jolie rivière qu’a broyée plus haut la cascade de Tagremaret : fils de fontaines transparentes, ce tributaire lui verse à l’étiage 1 000 litres d’eau claire par seconde, tandis qu’elle-même n’en roule que 800 à 900. Arrivée dans la grande plaine du Chéliff, la Mina fournit des canaux aux campagnes de Relizane, champs de leur naturel marâtres, argileux, salés, torréfiés : laissés à eux-mêmes, ils restent d’une stérilité presque absolue ; à

  1. Le pardon, la paix.