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GÉOGRAPHIE.

de 700 000 hectares émet des fontaines qu’on dit admirables, et qui se partagent entre le Steppe et le Désert, ou plutôt qui meurent avant d’atteindre l’un ou l’autre. Ses maîtres pies, peu ou point mesurés encore, dépassent 1 400 mètres dans l’Amour proprement dit et approchent de 1 600 mètres dans le Sénalba, son prolongement au nord-est. Dans le Ksel, qui le continue au sud-ouest, le Touilet-Makna s’élève à 1 937 mètres ; le Bou-Derga, dominant Géryville, a 1 959 mètres ; et peut-être qu’il y a des pics de plus de 2 000 mètres dans ce massif d’où les vues sur le Sahara sont indiciblement grandioses. Parmi les bourgs blottis dans ses gorges à la faveur d’une source ou d’un oued, on nomme Aflou, près d’un des ras-el-ma du Chéliff des Steppes, à 1 350 mètres d’altitude ; et Géryville, petite place d’armes, à 1 307 mètres.

Quand, marchant toujours vers l’ouest, on a quitté le bassin du Chéliff des Landes, on arrive sur un nouveau lac salé de 165 000 hectares, le Chott Oriental, long de 150 kilomètres sur 10, 15 à 20 de large, à 1 000 mètres d’altitude. C’est encore un bien triste « lac » que ce champ du mirage, les oueds de montagne et de plateau que la pente lui destine ayant rarement la force de l’atteindre ; des falaises basses, des dunes sans gazon, sans arbres, sans culture, contemplent ses flaques, ses bourbiers, ses argiles sèches, ses lits de sel, ses cristaux de gypse ; des fonts thermales, un peu saumâtres, jaillissent de ses rives ; on le traverse par des espèces d’isthmes, dos de sable entre des fondrières dangereuses en temps de grandes pluies.

Quarante et quelques kilomètres en ligne droite, du nord-est au sud-ouest, le séparent du Chott Occidental. Celui-ci, non moins élevé que l’Oriental, n’est ni plus beau, ni plus cultivé sur ses rivages, ni plus boisé, ni plus riant, ni mieux rempli, mais son sol est plus ferme, son rebord plus haut. La ligne de notre frontière avec le Maroc le divise en deux bassins : le Chott des Haméïan (55 000 hectares), qui a 40 kilomètres sur 8 à 20, est à