Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/677

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
674
GÉOGRAPHIE.

l’on ne voit plus le moindre ksar ; parfois passent une caravane, une autruche, quelques gazelles. Il arrive que des crues remplissent les oueds bien au delà des ksours, et même des dayas, mares plus ou moins temporaires, jusqu’où suintent leurs dernières eaux. Les flots sauvages vont alors se perdre au pied de l’amoncellement de sable des areg. Ces rivières sont le Zergoun, descendu de l’Amour, le Seggueur, qui s’en va vers El-Goléa, le Bénout et, tout au long de la frontière marocaine, la « Rivière des moustiques », l’Oued-en-Namous.

Les ksours les plus connus sont El-Abiod-Sidi-Cheikh et Tiout. El-Abiod-Sidi-Cheikh abrite le tombeau d’un saint musulman : c’est la Mecque de ce désert. Tiout, site magnifique, a de belles eaux, des jardins charmants, des vignes enlacées à des arbres ; de hautes roches de grès rouge et noir où sont encore visibles des dessins gravés il y a deux mille ans peut-être. Sous notre climat tempéré, passage éternel de nuées, ces lignes naïves seraient effacées depuis bien des siècles par le gel, le dégel, la pluie, la neige et la mousse, lèpre du grès ; mais, dans la zone sèche et dorée, le temps, maître et bourreau du monde, a des mains plus clémentes.




CHAPITRE VII

INDIGÈNES ET COLONS


1o Population de l’Algérie. — On ignore ce que l’Algérie porte d’Algériens. Il est facile de compter à peu près les colons, mais comment dénombrer les indigènes, qui ne tiennent pas de registres des naissances et des morts, qui