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GÉOGRAPHIE.

ment ce large sillon, qui sépare les Vosges du Jura. Belfort, place très forte qui donne son nom à la trouée, est chargée de garder ce bas-fond, porte de l’Allemagne sur la France, de la France sur l’Allemagne.




III. LE JURA


Jura : Dombes et Bresse. — Presque toutes les Vosges ont été nôtres, mais nous n’avons jamais possédé qu’une partie du Jura : cette montagne emplit la Suisse occidentale, franchit le Rhin à la cascade de Schaffhouse, et, passant en Allemagne, y traverse le Danube ; puis ses plateaux, se prolongeant au loin sur « l’empire des bonnes mœurs et de la crainte de Dieu », vont former la Rude-Alpe (Rauhe Alp), montagne de Souabe, à laquelle succède le Jura de Franconie, montagne de Bavière. Dans le « pays de la frivolité », c’est-à-dire chez nous, il recouvre en tout ou en partie le Doubs, le Jura, l’Ain, avec un lambeau de Saône-et-Loire, et sa longueur y est d’un peu plus de 250 kilomètres, du nord-est au sud-ouest. Il est principalement formé des calcaires qui ont pris de lui le nom de jurassiques ; mais on y trouve aussi des roches plus anciennes, lias et trias, et des roches plus modernes, notamment le néocomien, craie qui doit justement son nom à Neuchâtel, en latin Neocomum, ville assise au pied du Jura suisse.

Le Jura, moins boisé que les Vosges, a beaucoup plus de masse. Au lieu de cimes arrondies, on trouve ici de longues arêtes parallèles, sur des plateaux qui tantôt sont nus, tantôt voilés de forêts où les sapins et les épicéas dominent.

Dans les profondes cassures du plateau, des ruisseaux