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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

poussent un petit grognement de satisfaction. Voilà les derniers représentants de cette humanité, « ceux dont le visage a été créé pour regarder les astres ! » Que d’intervalles franchis entre la tête idéale de l’Apollon Pythien et celle du pauvre crétin aux yeux sans regard et au rictus difforme ! Bien plus belle est la tête du reptile, car celle-ci ressemble à son type, et nous ne nous attendons pas à la voir autrement, tandis que la figure de l’idiot est une forme hideusement dégénérée ; nous apercevons de loin ce qui paraît être un homme, et l’intelligence de l’animal ne se montre même pas dans ces traits discordants !

Pour comble d’horreur, les sentiments rudimentaires qui se révèlent dans cet être malheureux ne sont pas toujours bons. Quelques crétins sont méchants. Ceux-là grincent des dents, poussent des rugissements féroces, font des gestes de colère avec leurs bras malhabiles ; ils frappent le sol de leurs pieds, et, si on les laissait faire, ils dévoreraient la chair et boiraient le sang de ceux qui les soignent avec dévouement. Qu’importe cette rage aux naïfs et bons montagnards ? Ils n’en ont pas moins