Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/145

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dans une spirale d’ellipses infinies, les ouragans, les trombes, les vents, les moindres souffles de l’atmosphère se propagent en tournoyant ; les eaux de la mer se plissent et se déroulent en lames arrondies ; toutes les formes organiques, animaux et plantes, n’offrent dans leurs cellules et leurs vaisseaux que des surfaces courbes et des sinuosités ; même les durs cristaux, regardés à travers le microscope, n’ont plus ces plans réguliers, ces arêtes inflexibles qu’ils ont sous notre œil nu : les dents, les flèches, les spicules, les stries des minéraux et des organismes infiniment petits révèlent les molles ondulations de leurs contours sous le regard de l’instrument qui les scrute. Partout où se produit un mouvement, dans la pierre aussi bien que dans tous les autres corps et dans l’ensemble des mondes, ce mouvement, résultant de plusieurs forces, s’accomplit suivant une direction curviligne.

Quant au ruisselet et aux eaux qui l’emplissent, nul besoin n’est de s’armer des yeux