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immensité de l’empire mongol

bassin de la Salenga, Holin ou Khorin, dont le nom turc originaire paraît avoir été Kara-kuran ou le « campement noir » : c’est la capitale connue sous le nom de Karakorum ; l’empereur mongol Ogotaï la choisit en 1234, y fit converger les nouvelles expéditions de tous les coins du monde et y reçut les ambassadeurs des rois suppliants ou alliés. Du reste, simple halte impériale au milieu de la steppe, Karakorum ne comportait aucune utilisation du sol, aucune industrie pour l’exportation d’objets précieux : elle ne servait qu’à l’hébergement des grands fonctionnaires et des fournisseurs nécessaires à l’entretien somptueux de la table et de la maison impériales. D’après le moine Rubruk, la « cité n’est pas aussi bonne que le bourg de Saint-Denis ».

D’après une photographie de M. A. Ular.

ruines de karakorum


Il est vrai que des lieux de marché chinois et musulmans se tenaient dans la plaine, en dehors de l’enceinte, souvent animés par une grande population flottante. L’existence d’une ville dans la solitude herbeuse s’accorde si peu avec les mœurs nomades que les ruines de Karakorum restèrent longtemps ignorées des voyageurs. On les connaît maintenant grâce à Paderin et à Yadrintzev, et l’on a recueilli avec soin les inscriptions de leurs murailles, déchiffrées par les premiers explorateurs auxquels se sont joints Ileikel, Thomsen, Radlov. Ces inscriptions que l’on désignait d’abord comme « runiques » sont rédigées en turc et à peine mélangées de