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l’homme et la terre. — découverte de la terre

l’Asie, les pays, alors mystérieux « où croît le poivre », épice si nécessaire à cette époque, vu la mauvaise qualité des viandes, souvent corrompues, dont se nourrissait le populaire, et dont il fallait déguiser le goût[1]. Quelques-uns de ces voyageurs, Pordenone, Mandeville, Schitbergen avaient assez de littérature pour raconter avec plus ou moins de sincérité les merveilles de ces contrées lointaines.

le monde suivant claude ptolémée, iie siècle

Quant à l’Afrique, les portulans de la Méditerranée témoignent aussi, à défaut de récits détaillés, que les marchands du midi de l’Europe possédaient de nombreux renseignements sur l’intérieur du « continent noir ». La carte de fra Mauro, qui ornait un palais de Venise dès le milieu du quatorzième siècle, nous montre les montagnes et les fleuves de l’Ethiopie dessinés avec une précision relative. Une autre carte, d’origine catalane, construite en l’an 1375, prouve que les relations existaient déjà entre Barcelone et la Maurétanie ; on y lit les noms de Biskra, du Touât, de Tombouctou et de quelques autres endroits ; les routes des caravanes y sont tracées et les Touareg sont représentés à méhari et la face voilée. Des écrits du temps parlent de voyages faits au delà du désert jusque dans la Soudanie.

  1. W. Denton, England in the fifteenth Century, p. 206.