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république romaine

savait toujours découvrir de nouvelles victimes volontaires qui couraient à la mort. Il ne reculait point devant la terrible nécessité de l’incessant sacrifice des jeunes enthousiastes, car il ne pouvait imaginer pour les autres de joie supérieure à celle qu’il éprouvait lui-même de souffrir pour la reconquête de l’Italie une et libre. Apre comme un calviniste, il n’en était pas moins à certains égards le plus intransigeant des catholiques par respect de la tradition romaine. Sa devise
Cabinet des Estampes.Bibl. Nat.
giuseppe garibaldi (1807-1882).
Dio e Popolo faisait dériver les droits du peuple de Dieu même, et de ce Dieu de Rome qui avait par deux fois donné l’empire du monde à l’Italie, une première fois sous les Césars, une seconde fois sous les papes, et qui, dans un avenir prochain, ne manquerait pas, il en avait la foi certaine, d’assurer le troisième primato à la république d’Italie parmi les autres nations de l’univers. Aussi Mazzini n’était-il pas ennemi du « Saint-Père » qui avait fui Rome pour éviter le contact des républicains maudits, il aurait voulu lui voir inaugurer une nouvelle ère de domination religieuse où la foi démocratique eût donné aux anciens rites un sens nouveau. En l’absence du pape, c’est ainsi que, dans la ville Sainte, il tenta d’interpréter les cérémonies de l’Eglise.

La révolution, née de l’amour de l’indépendance, et pourtant fidèle à la tradition romaine, impliquait donc une contradiction entre les deux termes de « Peuple » et de « Dieu » ; elle ne pouvait aboutir qu’à de