Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome V, Librairie universelle, 1905.djvu/16

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sentir, presque à la vouloir, et pour cela, se rendre leur complice, leur partager magnifiquement et avec grâce les restes du trésor, les séduire, les gorger, et les conduire ainsi en riant jusqu’au bord de l’abîme »[1].

grenoble à l’époque de la révolution

La ruine prochaine du gouvernement semblait tellement inévitable que nombre d’autres gouvernements, pressés de recueillir l’héritage, se constituaient déjà au-dessous du monde officiel, dans les sociétés secrètes. Un mouvement de vie intense s’agitait parmi tous les hommes que le travail de la pensée et les ambitions du pouvoir groupaient diversement en dehors du contrôle administratif. Jamais la franc-maçonnerie et autres organismes occultes, qui ont existé de tout temps sous les dénominations les plus différentes, n’eurent une plus grande activité : si tout d’un coup l’Etat avec sa hiérarchie avait disparu en entier, il se serait trouvé soudain un nouveau personnel rompu aux délibérations et aux discours par une large pratique dans les conciliabules

  1. Louis Blanc, Histoire de la Révolution française, 2e édition, Tome II, p. 151.