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villes-jardins

de centres en des conditions aussi parfaitement saines pour le pauvre que pour le riche. Port-Sunlight, Bourneville, Letehworth contrastent certes heureusement avec les slums de Liverpool, de Manchester et villes analogues, et les tables de mortalité de ces localités rivalisent par leur faible taux avec celles des quartiers les plus somptueux de nos capitales — 10 à 12 décès annuels pour 1 000 habitants —, mais ce sont toujours des privilégiés qui habitent les villes-jardins et le bon vouloir des philanthropes n’est pas suffisant à conjurer les conséquences de
une maison ouvrière à letchworth.
Nouvelle ville-jardin à 50 kilomètres de Londres.
l’antagonisme qui existe entre le Capital et le Travail.

Il n’est pas indispensable d’en venir à ces créations de notre époque pour trouver des preuves touchantes du désir de beauté qu’éprouvait maint village de nos ancêtres et qui ne se trouve satisfait que par un ensemble harmonique. On peut citer notamment les communes des Polabes, gens d’origine slave qui vivent dans le bassin de la Jeetze, affluent hanovrien de l’Elbe. Là, toutes les maisons sont disposées de distance en distance autour d’une grande place ovalaire, dans laquelle se trouvent un petit étang, un bois de chênes ou de tilleuls, quelques tables et des sièges en pierre ; chaque demeure, dominée par un haut pignon que supportent des charpentes en saillie, tourne sa façade vers la place et présente, au-dessus de sa porte, une inscription biographique et morale. La verdure des jardins extérieurs se développe en un beau cercle d’arbres, interrompu seulement par la route qui rattache la place au grand chemin ; c’est sur cette ligne de raccordement avec les autres villages qu’ont été construites l’église, l’école et l’auberge[1].

  1. Dr Tetzner, Globus, 7 avril 1900.