Page:Reclus - L’Avenir de nos enfants.djvu/7

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échange du maigre salaire que le patron donnerait aux enfants. Désormais, l’école serait ouverte, et l’éducation serait complète pour tous, l’enfant du pauvre aussi bien que du riche.

Maintenant que l’école est laïque, la formule religieuse a été remplacée par une formule de grammaire, les sentences latines incompréhensibles ont fait place à des mots français qui ne sont pas plus clairs. Que l’enfant comprenne ou non, peu importe ; il faut qu’il apprenne suivant un formulaire tracé d’avance. Après l’absurde alphabet qui lui fait prononcer les mots autrement qu’il ne les lit et l’habitue ainsi d’avance à toutes les sottises qui lui seront enseignées, viennent les régles de grammaire qu’il récite par cœur, puis les barbares nomenclatures qui s’appellent la géographie, puis le récit de crimes royaux qu’on nomme l’histoire. Et comment l’enfant bien doué peut-il, à la longue, débarrasser sa cervelle de toutes ces choses qu’on y a fait entrer de force, en s’aidant parfois de martinet et de pensums ! D’ailleurs, ces écoles sont-elles sans esclavage, sans heures de retenue et sans barreaux aux fenêtres ? Si l’on veut élever une génération libre, que l’on démolisse d’abord les prisons appelés collèges et lycées !

Socialistes, songeons à l’avenir de nos enfants plus