Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 1, Librairie Universelle, 1905.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
évolution de l’homme dans le monde animal

sectes anophèles dans le transport des microbes et enseigné, propagé
squelette humain
Même échelle que le squelette de chimpanzé de la page 14.
les moyens de les combattre sous leur forme larvaire. Sur les bords du lac Pontchartrain et de maint lagon de la Louisiane, dans les îlots d’herbes du Bahr-el-Ghazal qu’habitent les Nuêr et les Denka, il serait absolument impossible de résister et de vivre si l’on ne s’enduisait d’argile, d’ocre ou de cendre. En pareils lieux, l’homme ne pouvait guère que passer et fuir ; mais dans la plus grande partie des étendues terrestres, il a lutté, s’est accommodé au milieu, et, soit par ses forces isolées, soit par l’alliance avec d’autres animaux, est arrivé à se faire dans le monde une très large place, qui comporte la domination effective sur un grand nombre d’espèces animales et la supériorité incontestable sur les autres, sauf, pour un temps, sur les invisibles microbes, dans sa lutte pour l’existence.

Pour les âges obscurs, dépourvus de toutes dates précises, il semble que le fil conducteur doive faire complètement défaut, et cependant, même en ces ténèbres, les hommes qui vécurent et se succédèrent en nombreuses générations ont laissé des traces de leur existence, suffisantes pour que le savant ait pu en constituer une science nouvelle : la préhistoire.

En effet, si les annales proprement dites manquent aux peuples antérieurs à l’écriture, si même on ignore les noms qu’ils portaient et les langues par lesquelles ils émettaient leur pensée, du moins a-t-on trouvé dans la terre d’innombrables documents : os d’hommes et d’animaux domestiques, outils, armes, amulettes, bijoux, pierres taillées de toute espèce, dont l’étude et le classement ont révélé, dans leurs grands traits, les civilisations de