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sémitisation des chaldéens

Au moins depuis six mille années, les populations des bords du Tigre, dans le pays d’Assur, et les habitants de la Mésopotamie septentrionale s’identifient à cette race de Sémites qui finit par occuper en un tenant toute la contrée comprise entre le pays d’Iran et la
D’après un bas-relief de Kujundchik.
hébreux en corvée
Méditerranée, entre les monts d’Arménie et l’océan Indien[1].

Il y a quarante-cinq siècles, c’étaient spécialement des Sémites dits « Cananéens » qui dominaient à Babylone, choisie par eux comme capitale de la contrée. Les noms de rois ne laissent aucun doute à cet égard[2]. Mais avant les « Cananéens », d’autres Sémites étaient venus aussi se heurter contre les populations de la Mésopotamie, sans avoir fait cependant la conquête du pays : ce furent de simples pillards, et leur nom, Khabiru, dans lequel on reconnaît celui des Hébreux mentionnés par la Bible comme les ancêtres des Juifs, paraît avoir été synonyme de « Bédouins ». Ces Hébreux étaient des pasteurs nomades et, comme ceux qui leur ont succédé dans la région, d’ailleurs appartenant à la même race, ils faisaient de rapides incursions dans les contrées riches et fertiles de la Potamie quand une occasion favorable se présentait. A l’époque

  1. Hugo Winckler, Die Völker Vorderasiens, p. 8.
  2. Même ouvrage, p. 12.