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l’homme et la terre. — origines

kilomètres de distance, et sans aucun rapport mutuel qui témoigne de l’ancienne parenté.

Mais il existe aussi de nombreux groupes ethniques dont le séjour en une même région s’est perpétué pendant un nombre indéfini de siècles et que l’on peut considérer pratiquement comme de véritables aborigènes : telles la plupart des tribus américaines, que le naturaliste Agassiz s’imaginait avoir été l’objet d’une « création distincte » de celle de l’Ancien Monde.

Ces groupes d’indigènes, de gens « nés de la terre », habitent des contrées dont le milieu est caractérisé d’une manière tout à fait spéciale par le climat ou par le sol : dans cette ambiance particulière, les résidants doivent prendre un genre de vie très distinct de celui des voisins les plus rapprochés.

Il importe donc de les étudier à part, pour bien constater les effets puissants et durables d’un milieu ne se modifiant qu’avec une très grande lenteur et, par suite, agissant aussi bien sur les groupes qualifiés de race que sur l’individu. L’ensemble du groupe ethnique soumis à ces influences constitue, pour ainsi dire, un être humain de proportions énormes et vivant pendant des périodes de longueur prodigieuse.


masque remplaçant les gravures de František Kupka - cul-de-lampe
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