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l’homme et la terre. — phénicie

l’Asie Mineure n’était pas moins en relations fréquentes, directes et indirectes, avec ces terres hyperboréennes. D’abord, depuis les âges reculés, des Argonautes, grecs ou phrygiens, s’aventuraient sur les eaux noires et redoutables pour aller conquérir des « toisons d’or » sous diverses formes, précieux métal, étoffes ou denrées. Puis les routes du littoral étaient aussi connues : la mer Ascanienne — car tel paraît avoir
Cl. du Globus
vue du village d’urgub
(Voir page 27).
été le nom primitif du bassin maritime qu’on appela plus tard le « Pont Euxin », Πὀντος Ἄξεινος, Πὀντος Εὔξεινος — n’est pas assez étendue pour que les populations riveraines n’en aient pas au moins soupçonné les contours ; d’ailleurs, le rebord très élevé de l’arête de Crimée et, bien plus encore, les hautes montagnes du Caucase, aux neiges étincelantes, se montraient de fort loin aux navigateurs, marquant ainsi nettement une partie de la grande ellipse décrite au nord par les rivages.

Il est vrai que, vers l’orient, la communication par terre avec les plaines de la contrée devenue aujourd’hui la Russie méridionale était fort difficile, du moins par la voie la plus courte, car il aurait fallu pour cela longer de promontoire en promontoire la côte abrupte que dominent les escarpements du Caucase, et pareil voyage ne pouvait guère être entrepris que par des marchands, en groupes peu nombreux, demandant l’hospitalité de village en village : des peuples migrateurs auraient été trop embarrassés dans leur marche par les obstacles de toute nature, escarpements et gaves. Mais, par les rives occidentales de la mer Noire, les routes de migration étaient plus