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Le Mariage tel qu’il fut et tel qu’il est ![1]


Puisque l’institution même du mariage civil est en cause, nous en exposerons le développement historique. Les points en litige seront mis à leur valeur relative ; par le seul fait que la situation générale sera bien établie, plusieurs difficultés d’ordre secondaire se dissiperont sans qu’on y touche, et la grande question de droit s’élucidera en quelque sorte d’elle-même.

I

« L’homme est la mesure de toute chose », disait un sage de l’antiquité, formulant une vérité dont les générations qui se succèdent n’épuiseront pas la profondeur.

« Donc, je mesure tout à mon aune », — concluent certains auxquels il ne vient pas à l’idée que la longueur physique de leur individu, déjà bien petit en comparaison de la Terre, est insuffisante pour métrer le système solaire, insuffisante pour les espaces célestes. Le plus intelligent n’a qu’une valeur mesquine, s’il compare son bagage intellectuel à celui des millions qui peuplent le monde, des milliards qui l’ont peuplé. En comparaison avec les périodes cosmiques, éphémères sont nos vies, éphémères nos ans composés de treize lunaisons. Ce qui n’empêche qu’avec une candeur parfaite, une innocence naïve, le commun des mortels se figure comprendre l’univers parce qu’il l’a réduit à sa propre taille, déclare

  1. C’est à la bonne obligeance des petits-enfants de notre grand disparu Élisée Reclus que je suis redevable de publier ici l’intéressante étude d’Élie Reclus. Cette étude, tirée en 1907 à un petit nombre d’exemplaires, est restée peu connue et est devenue introuvable actuellement. Tous mes remerciements à nos bons camarades pour leur amabilité.
    A. LORULOT.