Page:Recueil général des anciennes lois françaises, tome 12.djvu/249

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Et pource que nostredict fils aine est soubs l’âge de puberté, moindre d’ans et en estat d’innocence et encores comme table raze, blanche, capable de recevoir telles mœurs, doctrine, savoir et prudence, qu’il plaira à Dieu le créateur lui mettre en son ame et inscrire et înspirer en son cœur, et que pour y parvenir a besouing de conduicte gouvernement et nourriture de grans, bons et notables personnages, et des principaux de nostredict royaume, ayant l’amour et honneur de Dieu devant les yeux, et zélez au bien commun dudict royaume et envers les personnes de nosdits enfans, considérant les grandes graces que Dieu le créateur a mis en la personne de nostredicte très chère et très amée dame et mère la duchesse d’Angoulmois et d’Anjou, à présent régente en France, de laquelle nous et nos subjectz par la longue expérience avons connu la grande prudence honnestete et bonté qui sont en elle et le bon et grand zèle qu’elle a à l’augmentation de la religion chrestienne, amour, pitié et compassion envers nosdits subjects qui sont les vrays fondemens de toute justice, accompagnée de l’amour tendre et inestimable qu’elle a toujours eue et montrée manifestement avoir envers nous et nosdits enfans qui sommes sa chair et son sang.

Pour ces causes et autres bonnes et grandes considérations que Dieu sçait et cognoist,

Avons voulu et ordonné, et par mesme édit irrévocable comme dessus, voulons et ordonnons qu’icelle nostredicte dame et mère soit et demeure seule gouvernante et régente de nostre très cher et très amé fils aine le dauphin de Viennois, et mesmement après qu’il sera couronné, sacré et reçu roy, qu’il n’y ait prince ne personne de ce monde qui ait tistre de gouverneur, ne auctorité autour de la personne de nostredict fils qu’elle verra estre à faire et que bon luy semblera, espérans et désirans que les gentilshommes et autres officiers en tous estatz de nostre chambre, de nostre bouche et maison, seront et demeureront autour de nostredict fils ainé, le serviront en la forme et manière que par cy-devant nous ont servy estant en nostredict royaume, s’il ne sembloit à nostredite dame et mère que aucuns pour bonne cause et considérations deussent estre cassez et retranchez, laquelle cause nous remettons en sa prudence et discrétion pour en user comme bon luy semblera, et semblable égard, gouvernement et authorité avons nous donné à nostredite dame sur les personnes de nos autres très chers et très amez enfans, c’est à sçavoir Henri, duc d’Orléans ; Magdelaine ; Charles, duc d’Angoulesme et Margue-