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INTRODUCTION

tence redarguante à la maniere des satyres latines, combien que telz propos du coq à l’asne peuvent bien estre adressez à autres argumens que satyricques, comme les Absurda de Erasme, la Farce du Sourd et de l’Aveugle et l’Ambassade des Conardz de Rouan[1]. »

Après l’invention du coq-à-l’âne, le mot fatras s’applique spécialement à de petites pièces sur divers sujets, assemblées en recueil, comme on le voit par le volume d’Antoine Du Saix intitulé : Petitz fatras d’ung Apprentis, surnommé l’Esperonnier de discipline[2] ; on ne le trouve plus guère employé avec son sens primitif.

Dans les deux derniers tiers du XVIe siècle, où le coq-à-l’âne, surtout le coq-à-l’âne politique, fut en grand honneur, on en inventa en Normandie une espèce nouvelle, la fricassée. On donna ce nom à de petites pièces composées des premiers vers ou des refrains des chansons en vogue. Nous en trouvons un spécimen dans la Fleur des Chansons amoureuses[3] ; mais l’exemple le plus connu est la Fricassée crotestillonée (1557), dans laquelle les proverbes, les jeux et les formules enfantines se mêlent aux chansons. Ces fricassées nous ramènent au théâtre dont nous nous sommes insensiblement éloigné ; elles paraissent être le point de départ de la Comedie des Proverbes (1633) et de la Comedie des Chansons (1640).

  1. Le Quintil Horatian sur la Deffence et Illustration de la Langue françoise, à la suite de l’Art poëtique françois [par Thomas Sibilet] (Lyon, 1551, in-16), p. 221. — Cf. Le Roux de Lincy, Livre des Proverbes français, 2e éd., t. I, p. 173.
  2. Paris, Simon de Colines, 1537, pet. in-4.
  3. Rouen, 1600, pet. in-8, pp. 473-476 de la réimpression.