Page:Recueil général des sotties, éd. Picot, tome I.djvu/262

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Que l’on ne les gete a la mer ? [1]
Se n’est point viande a aymer ; [2] 345
Fy ! c’est viande a laboureux[3][4].

L’Astrologue.

Et, par Dieu ! quant les grans seigneurs
Veullent menger de bons morseaux,
Maistre d’ostel et gouverneux
Ne servent que de maquereaux.350

Primus.

Revenons au poins principaux.[5]
Selon le cours de la saison,
D’autres biens airons nous foison ? [6]

L’Astrologue.

Ouy, mès que le temps se change,
Car, par ma foy, la veneson355
Me semble encore bien estrange.
Regardés.

Primus.

Regardés. Par le benoist ange,

  1. quon ne
  2. ne se nest point viande aemer
  3. Ne doit-on pas voir dans ce couplet et dans le précédent des allusions à César Borgia ? L’arrivée prochaine ou peut-être même déjà effectuée de ce trop célèbre personnage était bien de nature à effrayer le pauvre peuple. César quitta Rome le 1er octobre (R. de Maulde, Jeanne de France, p. 288, n. 4). Après avoir séjourné quelque temps en Avignon, il traversa la France comme un triomphateur. Le 18 ou le 19 décembre il fit son entrée à Chinon avec un luxe inouï. On trouvera les détails de cette entrée dans Brantôme, qui nous dit résumer une poésie du temps (éd. Lalanne, II, p. 207 ; éd. Mérimée et Lacour, II, p. 214), et dans la relation suivante, extraite d’un manuscrit de Florence et publiée par Pietro Ferrato pour le doctorat de Pio Cervesato : Entrata del Valentino nel 1499 [sic] a Cinone, in corte del Chistianissimo (Venezia, 1868, gr. in-8).

    Le document rapporté sous notre no VIII nous apprend que César Borgia fut fort malmené par les étudiants.

  4. fy ce sont
  5. venons
  6. nous m.