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Page:Reinach - Diderot, 1894.djvu/89

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CHAPITRE III

romans et satires

Le fameux habent sua fata libelli n’a jamais été plus vrai que des ouvrages de Diderot. L’Encyclopédie s’est perdue dans la Révolution, et c’est à peine si l’on peut lire encore une centaine de pages des livres qu’il a publiés de son vivant. Au contraire, les manuscrits qu’il avait laissés dormir dans ses tiroirs ou qui circulaient timidement dans le monde en de rares copies souvent incorrectes, tout ce qu’il avait cru jeter aux vents ou qu’il avait caché dans l’hypogée de son cabinet, tout cela s’est réveillé successivement d’une vie intense, et ce qui fait aujourd’hui la gloire du philosophe a été inconnu ou peu s’en faut de son siècle. Le Rhône qui, après s’être étalé dans le bassin immense du Léman, disparaît sous terre au village de Coupy pour s’élancer à nouveau un peu plus loin vers la lumière et devenir un fleuve, c’est l’image même de cette renommée

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