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histoire de la révolution russe

la Russie tout entière voulait une Pologne autonome et non démembrée. Milioukov dit qu’il fallait empêcher les Détroits de devenir allemands, mais qu’il n’était pas nécessaire, pour cela, de les annexer à l’Empire ; sur quoi la chancellerie russe publia une note réservant sa manière de voir (24 mars). Au cours des débats, Tchkheidze prononça un discours dont la censure russe interdit d’abord la publication. Il accusait d’égoïsme toutes les grandes Puissances belligérantes et déclara, au nom de ses amis socialistes, qu’il voulait une paix sans annexions ni indemnités, comme la réclamaient les socialistes allemands et autrichiens.


XXVII


La situation des libéraux était devenue très forte à la Douma, car les nationalistes modérés, le centre, les octobristes, les progressistes et les cadets y avaient formé un « bloc progressiste » disposant de deux cent trente voix contre cent vingt-trois. Ce bloc était résolument fidèle à la politique de la guerre à outrance ; les sentiments contraires ne se manifestaient qu’à l’extrême-droite et à l’extrême-gauche, comme l’avait prédit longtemps à l’avance Anatole Leroy-Beaulieu.

Au commencement de mars 1916, le congrès des cadets publia un manifeste, disant que l’Europe et la Russie ne pouvaient s’incliner sous le joug du militarisme prussien, que les grandes démocraties européennes ne pouvaient sortir de la lutte affaiblies ou écrasées, La Belgique et la Serbie ne