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histoire de la révolution russe

drement et la capitulation. Ce n’est pas grâce à l’autocratie russe que l’Empire a surmonté la désastreuse retraite de Galicie : c’est grâce au dévouement sans bornes du paysan russe qui, privé d’armes et de munitions, a opposé un mur de chair vive à l’artillerie germanique. Les critiques militaires allemands, il y a deux ans, qualifiaient de « soldatesque désorganisée » l’armée russe en retraite. Désorganisée, elle l’était, et presque sans armes, mais ce n’était pas une soldatesque : c’était une troupe héroïque qui n’a jamais fléchi et qui a fini par arrêter l’invasion allemande au pied d’un amoncellement de cadavres.

« Désormais, le dévouement du soldat-paysan russe aura derrière lui l’intelligence organisée, la conscience de la nation, et aussi la volonté de vaincre, intensifiée par la conviction que de la victoire dépendent non seulement la réalisation des buts internationaux de la Russie, mais sa liberté, mais la vie et les biens des hommes qui ont recueilli l’actif du tsarisme en faillite. Avec l’autocratie, une poussée allemande vers Odessa ou Pétrograd pouvait et devait probablement même imposer la paix ; avec la Russie démocratique, les armées allemandes pourraient atteindre l’Oural sans obliger la Russie à se soumettre. La Révolution russe fournit la garantie absolue que l’unité de la cause des Alliés restera intacte jusqu’au bout. »