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LE REFRAIN (209-212).

dit Weil (R— C, 1878, I, 534), le chœur est généralement associé à l’un des personnages du drame dont il partage les sentiments, épouse les intérêts, et auquel il ressemble par le sexe et l’âge. Dans Eschyle, au contraire, le chœur, marqué de traits aussi individuels que les acteurs, ne leur ressemble pas, mais fait souvent contraste avec eux.

On a généralement admis que la strophe et l’antistrophe étaient réparties entre jes deux hémichories, l’épode seule étant donnée au chœur entier ou au coryphée ; Wecklein [Technik und Vortrag der’Chorgesângéldes Aesclnjlus, 1882) paraît avoir démontré (cf. R. C, 1885, 424) que celui qui chante la strophe chante aussi l’antistrophe ; cela reste douteux cependant dans les stasima ordinaire*. Il est probable d’ailleurs que les poètes tragiques jouissaient d’une liberté analogue à celle de nos compositeurs d’opéra et qu’ils savaient, comme eux, tantôt diviser, tantôt employer simultanément les masses chorales. (Th. Reinach.)

P. 209, n. 2. — Wecklein [Technique et exécution des citants du chœur (huis Eschyle, 13 e suppl. des Jahrbûeher, 1882 ; cf. Th. Reinach, R— C, 1885, p. 421) a insisté sur les traces que le refrain de l’ancienne poésie lyrique (èyùy.vta) a laissées dans Eschyle. La fréquence de ce procédé, chez Eschyle (souvenir dos chansons à ritournelle des chœurs bacchiques), est attestée par Aristophane, Grenouilles, 1261-80. Euripide y déclame des vers d’Eschyle en intercalant par intervalles un refrain qui n’a aucun lien logique avec le contexte. Dans les mss. beaucoup de ces refrains ont disparu, ou le refrain subsiste seulement après l’antistrophe ; la nécessité de trouver un pendant à ce groupe isolé a conduit à admettre des systèmes extrêmement complexes, que le rétablissement conjectural d’un grand nombre d’cp/iymnia permet de simplifier beaucoup.

P. 211, n. 4. — Christ, Werth dey ùberlieferten Kolomelrie in den griech. Dramen, Acad. de Bavière, 1871.

P. 212, n. 1. — M. Crain, Ueber die Composition der Plautinischcn Cantica, 1805 ; Bentley, Sclicdiasma de metris Terenlianis (dans son Térence, 1720) ; G. Hermauu, de Bcnl/eio ejusque edit. Terentii ; Spengcl, Reformvorschlâge z. Metrik der lyrischen Versarten bel P/autus, 1882 ; cf. les comptes rendus de Lorenz dans le Jahresbcricht de Bursian.

Sur l’allitération dans l’ancienne poésie latine (Manuel, p. 205, n. 1), voy. Klotz, Allitération bei Plautus [Philol. Ânzeiger, 1878) ; Wôlfflin, die A/liticrende Ycrbindungen der lateinischen Sprache, 1881 [Philol. Woch., 1881, 280) ; Pirchala, Allitération dans la poésie latine, dans Egyclenics philologiai Kœilocmj, 1883, n° 5 (Rev. des Rev., 1884, 178, 59). L’allitération est surtout fréquente dans les saturniens lorsqu’on veut leur donner une expression de solennité religieuse. L’influence de la poésie grecque, à partir d’Ennius, l’empêcha de devenir dominante dans la poésie latine, comme elle l’est dans la poésie allemande du moyen âge.

4 août 1884.