Page:Reinach - Raphaël Lévy, une erreur judiciaire sous Louis XIV, 1898.djvu/128

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Le même pape écrivit l’année suivante, de Rietti, une lettre datée du neuvième de septembre, qui commence par ces paroles : « Lacrimabilem Judæorum Franciæ ». Il y déplore le pitoyable état des Juifs de France, affligés injustement par les Chrétiens, qui, au lieu de se disposer à la guerre sainte par les voies de la piété et de la justice, inventaient toutes sortes de malices contres les Juifs pour les perdre, et exerçaient envers eux des cruautés inouïes, ne prenant pas garde que les Chrétiens sont redevables aux Juifs des fondements de leur religion. Ce sont les paroles de ce pape qu’on peut voir plus au long dans le même Raynaldus, qui reproche à ces faux zélés le prétexte de la religion, dont ils abusaient pour ravir avec plus de liberté le bien de ces pauvres innocents. Il écrivit aussi à saint Louis une lettre sur le même sujet.

En l’année 1247, le pape Innocent IV écrivit aussi en faveur des Juifs de France et d’Allemagne, contre les faux bruits qui s’étaient semés parmi les peuples, que les Juifs, aux fêtes de Pâques, mangeaient le cœur d’un enfant, et qui furent cause qu’on les dépouilla de leurs biens, qu’on les emprisonna et que même on leur fit souffrir toutes sortes de cruautés, sans garder aucune forme de jugement. C’est ce qu’on peut voir dans la lettre que ce pape envoya aux archevêques et aux évêques d’Allemange et de France, où il reprend fortement tant les personnes ecclésiastiques que séculières, princes, nobles et autres puissants, qui imputaient aux Juifs, malicieusement et par des artifices diaboliques, des crimes dont ils n’étaient point coupables, comme de manger à Pâques le cœur d’un enfant chrétien. Il montre que leur loi est tout à fait contraire à ces prétendus infanticides ; ajoutant que l’état présent des Juifs sous