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MES SOUVENIRS

servaient dans la garde nationale de Turin prêtassent serment au roi Charles-Albert. Enfin, à Jérusalem, le consul sarde cherchait querelle au nôtre sous les plus futiles prétextes.

Je m’étais heureusement créé dans la société de Turin de hautes et précieuses relations qui me furent très utiles pour l’accomplissement de ma tâche. Mais que de difficultés parfois ! M. de Brignole m’avait donné une lettre de recommandation pour la comtesse de Masin dont le salon était un des plus importante de Turin. Malheureusement cette grande dame ne voulait pas reconnaître la République. La première fois qu’elle me vit, elle me demanda comment se portait la reine. « Aussi bien qu’on peut se porter en exil, » lui répondis-je.

Je m’étais fait également présenter à la duchesse de Clermont-Tonnerre, tante de Camille de Cavour dont la renommée naissante ne laissait pas encore prévoir les hautes destinées. Veuve du marquis de la Turbie qui l’avait rendue fort malheureuse, elle avait épousé le cousin germain de l’ancien ministre de la marine, puis de la guerre de Louis XVIII dans le cabinet Villèle. En 1830, il avait non sans regret prêté serment au nouveau régime comme pair de France ; mais, en 1831, révolté de la condamnation des ministres de Charles X, il avait quitté à la