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MES SOUVENIRS

Une lettre d’un lieutenant d’artillerie à sa mère montre bien, tout en tenant compte d’une certaine exaltation, quel était l’état d’esprit des jeunes officiers qui, dans une campagne de près de quatre mois, n’avaient eu que des succès et qui se voyaient menacés d’en perdre le fruit :


Roverbella, 22 juillet.

« Je ne sais trop ce que j’écris, car j’ai la tête ailleurs ; je suis encore trop occupé de l’affaire de Governolo, mais savez-vous qu’il n’y a pas beaucoup de faits dans l’histoire qui puissent s’en approcher. Je suis indigné contre le bulletin officiel qui ne raconte pas même la chose qui n’aurait pas besoin d’amplification pour paraître incroyable aux yeux de ceux qui ne s’y trouvaient pas. Le régiment de Gênes-cavalerie et la batterie commandée par della Valle sont passés ici ce matin. Nous les avons reçus avec des applaudissements et des hourras à faire trembler la terre. Tout le monde voulait leur serrer la main, leur parler, savoir des détails. Enfin, nous étant tous tranquillisés, on n’a pu savoir sur cette glorieuse journée davantage que jusqu’à présent. — Je vais vous raconter quelques anecdotes qui ne sont pas mal du tout. Les Croates avaient formé deux carrés,